L’attachement : comment se forment les liens affectifs ?
L’attachement est le lien affectif et social que nous développons envers l’autre personne.
Selon Edward John Mostyn Bowlby, psychiatre, psychanalyste britannique, c’est « un équilibre entre les comportements d’attachement envers les figures parentales et les comportements d’exploration du milieu.»
Sa théorie de l’attachement affirme que les enfants sont biologiquement programmés pour créer des liens avec les autres.
Le nouveau-né a des comportement innés (sourires, pleures… pour attirer l’attention) qui participent à assurer le contact, la proximité de la figure d’attachement (le plus souvent sa mère). C’est un comportement de survie : l’enfant a besoin des autres pour assurer sa survie.
Le facteur déterminant va être l’attention et la réponse apportée : l’enfant a besoin d’être vu, entendu et compris.
Qu’est ce que l’attachement selon Bowlby ?
Pour lui, l’attachement à la figure maternelle servirait de base de sécurité interne pour que l’enfant puisse explorer son environnement. Ce lien d’attachement, une fois intériorisé, servirait par la suite, de modèle à toutes nos relations intimes et sociales.
Même s’il n’écarte pas d’autres figures d’attachement l’enfant va créer un lien beaucoup plus important avec une figure d’attachement principale (souvent la mère). La relation à cette personne sera totalement différente des autres relations !
L’enfant met en place certains comportements pour établir un contact et une proximité avec la personne qui prend soin de lui. Instinctivement l’adulte va répondre aux comportements de l’enfant, créant ainsi un modèle d’interaction (réciproque : quand je fais ça, il se passe ça, l’autre réagit de tel manière, quand je fais autrement, il se passe autre chose….).
Cette figure d’attachement est bien souvent la mère mais le bébé va crée des liens d’attachements avec chaque personne qui va prendre soin de lui et répondre à ses besoins notamment d’interactions. Le but inconscient de l’enfant est d’assurer sa survie ! Il est plus facile de maintenir un lien lorsque plusieurs personnes sont susceptibles d’offrir la réponse à la demande.
L’enfant attend une réponse cohérente à ses demandes. La violence peut en faire parti car elle rempli le besoin d’interaction.
Bowlby pense l’attachement ne doit pas être brisé durant les 2 premières années de la vie de l’enfant. (Cela pourrait aller jusqu’à 5 ans). La privation maternelle durant ces années pourrait causer des difficultés cognitives, sociales et émotionnelles à long terme.
Une séparation à court terme avec la figure d’attachement provoque de l‘angoisse avec 3 phases :
→ la protestation (pleures, cris, colères…)
→ le désespoir (les protestations s’estompent mais l’émotion toujours présente ; l’enfant est désintéressé)
→ le détachement (il interagit avec de nouvelles personnes et rejette la figure d’attachement à son retour (colère contre elle))
La relation d’attachement de l’enfant et de la figure principale d’attachement va créer un modèle. Modèle qui sera la base de la compréhension de soi, des autres, de l’environnement. Le modèle créé va guider, influencer toutes les autres interactions.
Dans sa théorie de l’attachement, Bowlby laisse sous-entendre que les mères doivent exclusivement s’occuper de leur enfant lorsqu’ils sont petit. Sur ce point, il ne fait pas l’unanimité !
Van Ijzendoorn (professeur de développement humain) et Tavecchio (psychologue néerlandais) sont plus en faveur d’un réseau stable d’adultes qui vont fournir une attention plus adéquat pour répondre aux besoins de l’enfant.
Heinz Rudolf Schaffer (psychologue du développement) laisse entendre qu’un enfant se développe mieux avec une mère heureuse et épanouie dans son travail qu’avec une mère « frustrée » à la maison.
Comment se développe ce lien d’attachement ?
Selon la Théorie de l’attachement de Bowlby, il y a 4 phases successives. Les 3 premières se déroulent durant notre première année et la 4ème commence au alentour de 3 ans.
⇒ Phase 1 : Entre 0 et 8 à 12 semaines
les sens les plus développés du bébé sont l’olfactif et l’auditif donc il différencie les personnes à l’odeur ou au son de leur voix. Au alentour des 12 semaine, il reconnais les visages.
Pour montrer qu’il reconnaît les individus il utilise un sourire intentionnel !
⇒ Phase 2 : Entre 12 et 24 semaines environ.
Il reconnaît plusieurs personnes et apporte une réponse différente à chacune.
Le bébé forme facilement des attachements avec toute personne qui prend soin de lui. Mais les conditions ne sont pas idéales s’il y a une séparation longue avec une figure d’attachement familière ou des changement fréquents dans les personnes qui prennent soin de lui. L’attachement ne se développe pas ou mal.
⇒ Phase 3 : Entre 6 et 36 mois
Apparition de la locomotion et avancées importantes au niveau moteur, cognitif, émotionnel et social. Toutes ces progressions vont lui permettre d’organiser ses comportements et d’explorer son environnement plus largement et en détail.
L’enfant ne se rends pas compte du danger et c’est l’adulte, en qui il a confiance, qui assure sa sécurité !
⇒ Phase 4 : à partir de 3 ans
Peu à peu, l’enfant abandonne sa position « égocentrée » et se rend compte que ses comportements peuvent influencer ceux des autres et notamment ceux de sa figure d’attachement. On parle de « système corrigé quant au but ». Il perçoit sa figure d’attachement comme une personne indépendante qui va et vient de façon assez prévisible.
Les expériences qu’il va vivre avec les personnes qui prennent soin de lui vont participer à construire son système de pensées, croyances, émotions, attentes, comportements envers soi, les autres et son environnement.
Les compétences qu’il va acquérir, notamment au niveau langage et l’acceptation de la séparation prolongée sont en relation avec le succès ou l’échec à conserver la proximité et la communication avec les figures d’attachements. Son sentiment de sécurité va de paire avec l’accessibilité des parents.
L’enfant accepte de mieux en mieux des périodes de plus en plus longue de l’éloignement des figures d’attachement sans souffrance significative.
Durant toutes ces phases, l’enfant a besoin de réponses et progresse en fonction de celles-ci (de leurs cohérences). Il a besoin d’être vu, entendu et compris (d’être certain qu’il a été compris) et de réconfort s’il est effrayé ou souffrant pour se tranquilliser.
À partir de 4 ans si l’enfant et l’adulte négocient (inconsciemment) un fonctionnement de séparation et de retrouvaille, la séparation n’est plus un stress. Et c’est là que débute les négociations, le marchandage…
Entre 7 et 11 ans, les copains prennent de l’importance, influencent mais ne deviennent pas figure d’attachement. Mais la façon dont l’enfant va penser que les autres le voient (populaire, rejeté fort, fragile…) va influer sur ses capacités d’adaptation.
Le modèle relationnel de l’enfant va se créer et se consolider au fur et a mesure des interactions répétées (et +/- prédictibles) avec les adultes proches. Un schéma de comportement va se mettre en place plus ou moins sécurisant.
Une fois adulte, nous pouvons déclencher des comportements différents selon la personne en face de nous, les enjeux de la relation. Nous avons un comportement « favori » et un panel plus ou moins fourni à coté.
Selon la théorie de l’attachement, le contact humain qui nous apporte (et que nous apportons aux autres ) réconfort face aux maladies, menaces, difficultés physiques et émotionnelle est continu tout au long de notre vie. Celui-ci est particulièrement vrai durant la petite enfance lorsque la survie physique et émotionnelle dépend de nos relations avec les adultes.